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Crédits Photos : Romain Darnaud

Myriam Chair est heureuse de présenter la première exposition personnelle d’Héloïse Rival à la galerie.

Born in 1995, Marion Artense Gély lives and works in Paris. She graduated from the École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy (ENSAPC) in 2020, and has been in residence at POUSH Manifesto in Aubervilliers since 2021.

 

Painting is the medium of choice for Marion Artense Gély's artistic practice, enabling her to explore worlds a priori beyond the reach of our senses; where the reverse side of things resides, where evanescent forms appear as transitory states. The contourless motifs that emanate from her canvases create spaces of equivocal dimensions, where the infinitely large and the infinitely small write stories in which dawn and dusk seem to meet. Marion Artense Gély employs the ancient techniques of glazing and sfumato in a logic of incessant repentance (each canvas resulting from an accumulation of 50 to 120 layers of oil paint). His gesture is akin to that of an archaeologist on a quest, among the strata of ancient worlds, for a trace of what once was, however appalling or grandiose, however foreign or visceral. 

Just like her immersive installation, Moon Burn, (2020) which took her to the slopes of Mount Mauna Kea on the island of Hawaii, where the native Hawaiians speak of an invisible force, Mana, which permeates the universe and from which the essence of souls is said to be made; and where astronomers the world over scan the celestial vault in search of the dark energy that is said to make up 70% of our universe, 70% of the unknown, the invisible. This was followed by Altar (2021), a photographic, aesthetic and anthropological study of Breton "standing stones" from the Neolithic period, which inspired Marion Artense Gély to create a new medium, this time sculptural, in which the repetition of gesture remains, but the figurative emerges.

Force, Energy and Emergence, the trinity at the heart of her painting, now resonates with her ceramic work. A ritual established in anticipation of the long drying times implied by her painting technique, which she now uses to apprehend a haunting Emergence: the living.

Dans les années 1970, le mouvement Pattern and Decoration se développait aux Etats-Unis, en marge et en réaction à des formes modernistes hégémoniques telles que l’art conceptuel et l’art minimal. Les artistes de P&D employaient généreusement motifs et ornements, empruntaient librement à des répertoires formels non-occidentaux et à des pratiques marginalisées associées au domestique et au féminin, comme le patchwork ou le papier peint. I..Els s’opposaient en cela à la domination blanche, masculine, normée et restrictive du milieu artistique et de son marché. Le besoin de décorer était le besoin d’humaniser[4], et force est de constater que ce dernier apparaît toujours nécessaire dans la société contemporaine et dans le système de l’art, dans lequel Héloïse Rival dit « ne pas supporter les postures qui s’imposent ». Face des formes de domination, de discrimination et d’élitisme, elle assume un vocabulaire esthétique où le floral et le végétal sont rois[5], où la frise murale n’est plus démodée. L’œil prend temps et plaisir à parcourir les lignes tourbillonnantes de saynètes et d’allégories, ouvrant à une dimension symbolique, émotionnelle et spirituelle.

 

La référence n’est pas autoritaire, le langage visuel est inclusif et le syncrétisme émancipateur. Dans ses collages métaphoriques, Héloïse Rival tient à une forme d’universalité des signes et symboles. Il y est question d’identité, de relations sentimentales, de connexion aux éléments. Mythes occidentaux et orientaux jouxtent le tarot divinatoire et le caddie de supermarché. L’imprécision est volontaire, et la libre interprétation permet d’établir un dialogue ouvert, à l’instar des fluides circulant entre les personnages. Ainsi, dans les motifs récurrents du reflet et du double, dans les figures qui s’abandonnent, c’est autant nous que nous voyons que l’artiste qui se livre – sans filtre et prenant le risque de suivre un instinct créateur sans établir de sens prémédité. Un instinct qui manifeste des « scènes ou des images comme un flash »[6], qu’elle réalise sur la terre à même le sol, presque à l’aveugle, pleine d’incertitudes quant au résultat tant certains formats sont grands et le recul impossible. Par une forme de connivence ou d’alchimie avec les matériaux, ces intuitions fugaces se concrétisent bien à la hauteur de ses attentes. Le choix de ces derniers peut alors lui-même être relu, comme relevant de la métaphore : les œuvres sont faites de sol, riches d’un imaginaire fertile mais précaire, qu’il faut préserver avec soin. Dans un moment contemporain où règne l’anxiété, où l’on assiste au retour d’idéologies conservatrices resserrant les perspectives et où les conjectures s’assèchent, Héloïse Rival nous rappelle à une forme d’urgence primordiale avec une délicate fluidité, mais – quand même – en signant par le feu.

 

 

Carin Klonowski

 

[1] Ambrogio Lorenzetti, Château au bord d’un lac, ca. 1337-1340, tempera sur panneau de bois, 23x33 cm, Pinacothèque de Sienne. Il est à noter que la destination de ce tableau reste inconnue, mais l’on suppose qu’il aurait pu être un décor pour un élément mobilier, une armoire ou un coffre.

[2] Sur cette question, voir ANHEIM, Etienne, chap. « Arts » in. MAZEL, Florian (dir.), Nouvelle histoire du Moyen-Âge, Seuil, 2021, pp.711-717.

[3] titre de l’article de David Bourdon dans l’édition du 11 octobre 1976 de l’hebdomadaire The Village Voice, la formule sera employée par l’artiste Myriam Schapiro pour affirmer le positionnement politique et féministe du mouvement Pattern and Decoration.

[4] DANTO, Arthur, « Pattern and Decoration as a Late Modernist Movement” in. Pattern and Decoration, An Ideal Vision in American Art, 1975-1985, Hudson River Museum, 2007, p.12.

[5] On se souviendra d’ailleurs que l’art nouveau fut qualifié de « style nouille » par ses détracteurs, certains allant jusqu’à qualifier l’ornementation d’acte criminel.

[6] Echanges téléphoniques avec l’artiste, mars 2024.

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